Quand je me lance dans une série photo avec mon smartphone, j’aime partir d’une idée simple : choisir une contrainte qui va me guider. Sans équipement pro, c’est souvent cette contrainte — une couleur, un motif, un type de lumière, un geste répétitif — qui transforme des images isolées en une série cohérente et parlante. Voici comment je procède, étape par étape, en me basant sur des astuces que j’utilise au quotidien et des apps que j’ai testées.
Trouver le fil conducteur
Avant tout, je définis un fil conducteur. Ce n’est pas forcément une histoire complète ; parfois c’est juste une sensation : mélancolie, légèreté, curiosité. D’autres fois, c’est concret : portes colorées, tasses de café, textures urbaines, ombres et reflets.
Quelques pistes pour trouver son fil :
Rester simple aide à tenir la série. Par exemple, j’ai une série de « petites fenêtres » que j’ai réalisée en deux semaines : juste des cadres, des rideaux, des fragments de rue vus à travers du verre. Cette contrainte m’a permis d’être très attentive aux détails et à l’éclairage.
Construire une palette visuelle
La cohérence passe beaucoup par la palette de couleurs et le traitement. Je choisis souvent 2 à 4 couleurs dominantes et j’essaie de les retrouver dans chaque image, même subtilement (une écharpe, un reflet, un mur).
Idées pour définir une palette :
Standardiser le cadrage et la composition
On n’a pas besoin d’un objectif fixe pour créer de la cohérence. Moi, j’essaie d’adopter une ou deux règles de composition que je respecte pendant toute la série : format carré, lignes centrées, sujet sur la droite, gros plan sur les textures, etc. Ça crée une unité instantanée.
Quelques règles simples :
Jouer avec la lumière — même sans flash
La lumière fait tout. Je favorise la lumière douce du matin ou du soir (golden hour), ou les jours couverts qui offrent un rendu uniforme. Si je dois shooter en plein soleil, j’utilise l’ombre comme élément graphique ou je recherche des contre-jours pour des silhouettes et des halos.
Trucs pratiques :
Exploiter le mode Pro et le RAW quand c’est possible
Beaucoup de smartphones modernes (iPhone, Google Pixel, Samsung) proposent un mode « Pro » ou la possibilité de shooter en RAW. Je l’utilise quand je sais que je vais retoucher : le RAW conserve plus d’informations et permet de récupérer des hautes lumières ou d’ajuster la balance des blancs sans dégrader l’image.
Applications d’édition — lesquelles j’utilise
Pour un rendu cohérent, j’édite toutes les photos d’une série avec la même logique. Mes favorites :
| App | Utilité |
|---|---|
| Lightroom Mobile | Réglages précis, presets, édition RAW, synchronisation |
| Snapseed | Corrections locales, texture, grain, très intuitif |
| VSCO | Presets doux et film-like, idéal pour une ambiance uniforme |
J’aime créer ou acheter un preset Lightroom que j’applique en batch, puis j’ajuste localement (exposition, ton clair/obscur). Si j’ai besoin d’un grain ou d’une correction ciblée, j’achève le rendu dans Snapseed.
Le pouvoir des presets (mais avec modération)
Les presets sont magiques pour la cohérence, mais attention à la sur-utilisation. J’adapte toujours l’intensité selon l’image. Parfois, je crée deux versions d’un même preset : une pour les images claires, une pour les plus sombres, afin que l’ensemble ne devienne pas monotone.
Raconter quelque chose : l’ordre et le rythme
Une série, ce n’est pas seulement des images similaires, c’est une succession qui raconte ou fait ressentir. Je compose la séquence comme une courte histoire :
Je teste l’ordre sur mon téléphone avant de publier, en faisant défiler comme le fera un lecteur. Si une image casse trop la rythmique, je la retaite ou je la retire.
La narration par le texte
Accompagner les photos d’un court texte renforce l’unité. Je préfère des captions qui éclairent sans tout expliquer : une anecdote, une émotion, une question pour inviter à l’échange. Les séries que je publie sur Estrouy ont souvent une petite note personnelle — pourquoi j’ai choisi ce sujet, ce que j’ai découvert en le shootant.
Maintenir la discipline : shooting régulier et sauvegarde
La cohérence vient aussi de la régularité. J’ai un petit rituel : un jour par semaine dédié à la série en cours, même si ce n’est que 10-15 minutes. Cela évite que la série s’éparpille et garde une unité temporelle.
N’oubliez pas la sauvegarde : j’utilise Google Photos ou iCloud pour synchroniser automatiquement mes images. Perdre une série en pleine phase d’édition est une douleur inutile.
Partager et tester
Avant de publier, je montre souvent la série à une amie ou à la communauté : leurs retours me disent si le fil conducteur est lisible. Ensuite, je choisis la plateforme adaptée : Instagram pour le format séquentiel et visuel, le blog pour une narration plus riche, ou un portfolio en ligne si la série devient un projet plus sérieux.
Un dernier conseil que je me répète : la contrainte libère la créativité. En me limitant volontairement (un seul objectif, une palette, un type de lumière), je découvre des angles et des détails que je n’aurais pas vus autrement. Et surtout, je prends du plaisir à revenir régulièrement à ce petit monde visuel que j’ai créé.